"Quels projets pourraient-être mis en place au niveau de la recherche et de l'enseignement supérieur entre les grands pôles technologiques et de recherche ?" 

​

"La coopération se fait entre laboratoires de recherche dans le cadre de grandes conventions cadres, mais la réalité se décide à travers des accords bilatéraux de recherche. Un bureau de l'Université de Nice, situé à Valrose, s'occupe précisément de l'accompagnement des laboratoires de recherche avec le programme ALCOTRA. Moi-même, je suis rattaché au CERDACFF de l'Université Côte d'Azur et nous avons récemment signé un accord avec le Consiglio Nazionale delle Ricerche (l'équivalent italien du CNRS)  dans le cadre du programme de recherche DITER."

​

"De votre expérience, la coopération transfrontalière est-elle assez fluide? Dispose-t'elle d'assez de moyens pour faire face aux grands défis auxquels sont confrontés nos territoires ?" 

​

"La question des moyens n'est pas cruciale, même si l'on peut toujours espérer plus de fonds. C'est la reproductibilité et la capitalisation des acquis qui est importante. Il faut que l'on construise une continuité entre les générations, afin que l'on sorte d'un cycle dans lequel l'on construit une maison, puis on la détruit et on la reconstruit de nouveau. Nous devons être les médecins des personnes qui ne voient pas les enjeux, et comme nous le disons de nos jours, être dans "lanceurs d'alertes" afin d'instaurer une certaine "culture de la transfrontalièrité" dans la population, notamment jeune. Autre enjeu, il faut réussir à cerner les différentes approches et le différentiel de vie des gens des 2 côtés de la frontière pour mieux comprendre et articuler la coopération. "

​

"Quelle importance a le Traité du Quirinal, signé le 26 novembre 2021 entre l'Italie et la France ?"

​

"Ce Traité est historique. Dans celui-ci figurent une douzaine d'articles, mais nous travaillons principalement sur l'article 10 car il concerne spécifiquement la coopération transfrontalière. Andrea Cavallari et Philippe Voiry sont les Ambassadeurs qui ont été chargés d'établir la Feuille de Route Franco-Italienne. Le Traité du Quirinal est un pas important pour la coopération transfrontalière spécialement sur nos territoires. Elle précise notamment l'aspect de soutien aux espaces de coopérations transfrontalières intégrés et la favorisation de la communication entre les populations des régions frontalières. Dans cette optique, le GECT Parc Européen Alpi-Marittime Mercantour figure spécifiquement, et une consolidation est souhaitée. D'autres aspects importants y figurent, comme la structuration souhaitée de la coopération transfrontalière par la mise en place d'un Comité de coopération transfrontalière. En somme, c'est un Traité qui augure du progrès dans la coopération transfrontalière concernant notre région spécifiquement et les régions italiennes limitrophes."

​

"Vous parlez souvent de culture de la transfrontalierité, que représente-t'elle pour vous ?" 

 

"Elle représente la transmission entre les générations, elle permet d'articuler les codes de pensées et les différences culturels et de fonctionnement entre Italiens et Français. 

À l'échelle de l'organisation des territoires, les programmes tels qu'ALCOTRA n'ont que 32 ans d'ancienneté et donc de financement, c'est très récent. Il revient souvent dans l'esprit collectif que cela fait 32 ans que l'on finance, mais que cela était comme si nous venions à peine de commencer, spécialement chez les jeunes générations. C'est en ça, que la culture de la transfrontalierité est aussi importante, par la formation universitaire dans ce domaine et par l'amélioration du regard des jeunes générations sur le renforcement de la coopération transfrontalière. La qualité des équipes travaillant dans les différents organismes dont la Métropole Nice Côte d'Azur est récente. Au niveau de l'Université Côte d'Azur, nous organisons des Masterclass, ce qui est pour nous une manière de répondre à la culture transfrontalière en permettant la création d'un réseau de jeunes gens qui peuvent agir sur les différentes frontières européennes. Il est vrai, que sur nos territoires, nous sommes au début du processus, et que la coopération entre la France et l'Allemagne est par exemple plus développée, tout comme celle avec l'Espagne. Le Traité du Quirinal peut être un excellent moteur pour son développement, à l'instar du Traité de l'Élysée entre la France et l'Allemagne."

​